Pourquoi personne n’a songé, dès 2010, qu’il y avait dans l’entourage de Dominique Pélicot des personnes qui MÉRITAIENT D’ÊTRE PROTÉGÉES ?
Qui va présenter des excuses à Gisèle P. pour l’avoir laissée ignorer alors que son mari photographiait sous les jupes des femmes à leur insu et que son ADN le désignait comme l’auteur de la violente agression d’Estella B? Pourquoi personne ne juge alors utile d’informer Gisèle P. que l’homme avec qui elle vit est un délinquant sexuel, un agresseur ?
En 2010, Dominique Pélicot s’en sort avec 100 euros d’amende et pas de poursuites judiciaires. Il a passé son test d’impunité. Il est tout-puissant.
En 2011 il commence à droguer, violer et organiser le viol de son épouse par d’autres hommes pendant dix ans d’enfer. La pensée que cet enfer aurait pu être épargné à Gisèle P. est une pensée INSUPPORTABLE.
Si seulement on avait pris au sérieux la dangerosité de celui qui regardait sous les jupes – la transgression, l’intrusion, la prédation, la violence, tout était là. Ainsi a prospéré l’ignominie d’un homme qui n’a eu aucune peine à trouver une foule de complices, ses frères de crime, tous aussi sales les uns que les autres, inexcusables, impardonnables, minables. Dix ans.
Parmi les violeurs de Gisèle P., nombreux ont d’autres agressions à leur actif : violences conjugales, violences sexuelles, détention d’images pédopornographiques. Les enquêteurs ont découvert dans l’ordinateur de l’un des accusés une tentative de commande du viol incestueux d’une mineure. Dominique Pélicot est accusé de comportements inquiétants envers ses petits-enfants. Il a drogué sa fille pour la photographier et a photographié ses belles-filles, à leur insu, dans leur intimité.
C’est dans un CONTINUUM DE VIOLENCES sexistes et sexuelles que s’inscrit l’inceste. L’inceste prolifère dans une société obsédée par l’honneur des hommes au point de lui sacrifier la vérité et la justice. Une société pétrie de la culture du viol. Une société qui abandonne à leur sort les victimes, qui les renvoie à l’insignifiance.
Certains jours sombres, il nous semble que l’énergie nécessaire pour continuer à vivre et à lutter, est surhumaine.
Dans ces moments-là désormais, nous penserons à Gisèle P. qui se tient droite, digne et courageuse, et la force nous reviendra.